Jacques Hitier
En plein cœur de Paris, en 1917, naît un esprit précoce : Jacques Hitier, sculpteur de formes, touche-à-tout, qui, à l’âge de 13 ans et demi, est admis à l’École Boulle. Diplômé en 1934, il foule bientôt les ateliers de Primavera, prélude à une aventure créative qui prendra force chez Mobilor, où il élabore des meubles scolaires structurés de tubes métalliques — sa signature élégante et résolument moderne.
Après la guerre, libre de toute contrainte, il fonde son agence et dévoile ses œuvres dans les salons du design de l’époque. Les créations qu’il conçoit pour Tubauto, à partir de la fin des années 1940, offrent une gracieuse alliance entre métal tubulaire et matières douces comme le bois, le tissu ou le rotin. Parmi ses modèles les plus célèbres figurent la chaise maternelle Mullca 300, le fauteuil Chistéra (1952), la table basse gigogne (1952) ou la chaise Libellule (1955), chacune incarnant simplicité, fonctionnalisme et beauté discrète.
Sa créativité ne se limite pas au mobilier : décorateur attentif, il habille les foyers d’étudiants, les hôtels, jusqu’au prestigieux salon des officiers du paquebot France, instillant dans l’espace une poésie industrielle.
Mais Jacques Hitier est aussi un maître transmetteur. Il enseigne à l’École Boulle, dont il devient professeur, doyen puis directeur (de 1972 à 1982), et œuvre au sein de syndicats professionnels pour redessiner le métier de designer, avec la création du syndicat CAIM, dédié à l’architecture d’intérieur.
Son héritage ? Des meubles produits à grande échelle, simples mais raffinés, pénétrant les univers collectifs et privés, laissant une empreinte durable dans l’histoire du design français du XXᵉ siècle — tel un artisan-poète du mobilier.