Georges Jouve
Georges Jouve (1910–1964), né à Fontenay-sous-Bois, est considéré comme l’un des plus grands céramistes français du XXᵉ siècle. Formé à l’École des Arts Appliqués de Paris, il s’oriente d’abord vers la sculpture et le décor de théâtre, mais la guerre transforme son parcours. Prisonnier puis évadé, il se réfugie à Dieulefit, haut lieu de la poterie, où il découvre la terre et développe un langage plastique qui deviendra sa signature.
De retour à Paris en 1944, il installe son atelier et impose rapidement un style unique : des formes épurées, sensuelles, souvent recouvertes d’émaux profonds, dont son fameux noir mat et brillant. Ses créations oscillent entre objets utilitaires et sculptures poétiques. Parmi ses réalisations les plus emblématiques, on compte ses amphores stylisées, ses flacons anthropomorphes, ses totems, ses tables basses en céramique, ainsi que ses lampes et panneaux décoratifs. Jouve explore aussi la monumentalité à travers des œuvres architecturales intégrées, tout en conservant la force d’un artisan sculpteur.
Son œuvre est régulièrement présentée dans les grands rendez-vous de l’après-guerre : Salon des Artistes Décorateurs, Salon des Tuileries, Salon des Métiers d’Art, mais aussi à l’étranger. En 1958, il participe à l’Exposition universelle de Bruxelles. Ses pièces sont montrées dans les galeries les plus influentes de son temps, notamment la galerie Steph Simon à Paris, qui rassemble les grands créateurs de l’après-guerre (Perriand, Prouvé, Royère).
Mort prématurément en 1964, Jouve laisse une œuvre brève mais fulgurante. Aujourd’hui, ses créations sont présentes dans les collections du Musée des Arts Décoratifs de Paris, du Centre Pompidou, ou encore du Musée National de Céramique de Sèvres, et font l’objet d’expositions monographiques, comme celle organisée en 1991 au Musée des Arts Décoratifs. Son héritage demeure celui d’un artiste qui a élevé la céramique au rang d’art majeur, entre archaïsme réinventé et modernité radicale.