Colette Guéden

1905 — 1991

Colette Guéden, née le 1er décembre 1905 à Cholon, en Cochinchine, est une figure majeure des arts décoratifs du XXe siècle. Elle passe son enfance entre Paris et Toulon avant d’intégrer l'École des Beaux-Arts de Saint-Étienne. Trois ans plus tard, son talent et son ambition la conduisent à Paris, où elle débute sa carrière en 1928 comme dessinatrice à l’Atelier Primavera, département d’art décoratif des Grands Magasins du Printemps.

Promue chef d'atelier en 1932, puis directrice artistique en 1939, Colette Guéden prend la succession de Madame Guilleré et s’impose comme une innovatrice dans son domaine. Elle crée des modèles uniques d'objets du quotidien – meubles, tissus, tapis, verreries et céramiques – mêlant tradition artisanale et modernité. Son style se distingue par un équilibre entre les influences de l’art populaire et les courants modernes, le tout imprégné d’un amour sincère pour la nature. Les créations signées Guéden, joyeuses et ingénieuses, sont pensées pour être durables et fonctionnelles, dépassant les modes éphémères pour devenir des pièces intemporelles.

Active sur la scène artistique nationale et internationale, elle expose régulièrement aux Salons des Artistes Décorateurs, dont elle est sociétaire dès 1937 et vice-présidente, ainsi qu’aux Salons des Tuileries, des Arts Ménagers et à l’Exposition Internationale de 1937. À l'étranger, ses œuvres voyagent à San Francisco, Birmingham, Helsinki, La Haye, Buenos Aires et Milan. Parmi ses nombreux projets, elle participe à l’aménagement du Palais de l'Élysée, des ambassades de France à Rome et Belgrade, de la résidence du général Eisenhower à Marnes-la-Coquette, ainsi qu’à la décoration du paquebot La Marseillaise.

Colette Guéden a également marqué le monde du design en réhabilitant des objets rustiques et utilitaires issus des savoir-faire artisanaux. Grâce à elle, des pièces en vannerie, céramique ou verrerie, issues de centres artisanaux revitalisés, ont trouvé leur place aux côtés d’objets industriels modernes. Visionnaire, elle a contribué à l’évolution de l’art décoratif, assurant la continuité de l’œuvre audacieuse entreprise par René Guilleré à Primavera.

Chevalier de la Légion d’honneur depuis 1949, membre de nombreuses institutions comme la Société d’Encouragement à l’Art et à l’Industrie, elle a influencé des générations par sa créativité et son esprit résolument moderne. Ses œuvres témoignent d’une conception profondément humaine et pratique de l’art, où l’esthétique ne se dissocie jamais de l’usage. Colette Guéden s’est éteinte en 1991, laissant derrière elle un héritage qui continue de rayonner et d’inspirer.