Née en 1951, au cœur du Faubourg Saint-Honoré, la Galerie Maison et Jardin s’est imposée comme un lieu à part, où souffle un esprit de raffinement et d’audace. Dans un Paris encore marqué par les séquelles de la guerre, elle apparaît comme une promesse de renouveau : un espace où l’on repense l’art d’habiter, où chaque meuble, chaque objet, chaque lumière dialogue avec l’ensemble pour composer une vision harmonieuse du quotidien.

Dès ses débuts, la galerie s’ancre dans une double exigence : célébrer le savoir-faire des artisans français et ouvrir les portes à une modernité qui ne craint ni l’épure, ni l’expérimentation. C’est ce fragile équilibre, entre héritage et invention, qui fait son identité et son prestige.

Les années 1960 marquent un tournant décisif. Maison et Jardin devient alors le théâtre d’un véritable bouleversement esthétique. En 1968, elle révèle au public le mobilier en acier inoxydable de Maria Pergay, donnant à voir une matière industrielle métamorphosée en mobilier sensuel, presque sculptural. Cet acte de courage et de clairvoyance inscrit la galerie dans l’histoire : elle n’est plus seulement un lieu d’exposition, mais un laboratoire d’idées, un espace de dialogue entre passé et avenir.

Ce qui distingue profondément Maison et Jardin, c’est sa philosophie de la mise en scène. Plus qu’un accrochage, chaque présentation est une composition : l’objet n’est jamais isolé, mais pensé comme partie d’un univers. Les couleurs, les matières, les formes se répondent ; l’ensemble respire comme une maison idéale, une vision poétique et concrète de l’art de vivre. Ici, le mobilier n’est pas seulement fonctionnel : il est porteur d’émotion, de culture et de style.

Au fil des décennies, la galerie a su garder cette capacité rare : conjuguer rigueur et liberté, tradition et audace, intimité et éclat. Elle a accompagné les grands courants de son temps, tout en restant fidèle à son rôle de passeur : transmettre une idée exigeante du beau, du sensible, de l’essentiel.

Aujourd’hui encore, le nom de Maison et Jardin évoque bien plus qu’une galerie parisienne : il résonne comme un symbole. Symbole d’un lieu où se rencontrent les maîtres artisans et les créateurs visionnaires, symbole d’un art décoratif qui ne craint pas de se réinventer, symbole enfin d’un Paris qui, entre héritage et modernité, continue de se penser comme la capitale de l’élégance.