Giuseppe Ostuni
Giuseppe Ostuni naît en 1907 à Trieste, alors territoire de l’Empire austro-hongrois. Autodidacte passionné, il n’a pas suivi de formation académique, mais il s’imprègne très tôt d’un savoir-faire artisanal et d’un regard attentif sur la modernité.
En 1945, dans un Milan encore marqué par les ruines de la guerre, il fonde la maison O’Luce. Ce n’est pas seulement une entreprise de luminaires : c’est un atelier d’idées où l’éclairage devient une architecture intérieure, une sculpture mobile.
Dès 1949, il conçoit la lampe Ochetta, petite merveille à la fois discrète et expressive, capable d’être posée sur une table ou fixée à un mur. Elle ouvre la voie à une série de créations modulables et fonctionnelles.
Dans les années 1950, il imagine des lampadaires aux bras télescopiques, des suspensions aériennes et des lampes de table réglables, comme le modèle 301M (1953), aujourd’hui considéré comme une icône du design d’après-guerre.
Le modèle 326, conçu dans la même décennie, associe le laiton, le bois et le tissu dans une élégance rare, et illustre son souci d’harmoniser chaleur et rigueur.
Sous son impulsion, O’Luce devient un foyer de création. Ostuni y accueille des jeunes designers appelés à marquer leur époque : Tito Agnoli, Joe Colombo, Marco Zanuso, Bruno Gecchelin. Grâce à ces collaborations, la maison gagne une reconnaissance internationale et ses pièces apparaissent dans les pages de Domus, revue emblématique du design italien.
Dans les années 1960, Ostuni poursuit ses recherches et crée la lampe G.O., aux lignes épurées et raffinées, qui sera rééditée plusieurs décennies plus tard, preuve de son intemporalité. Son langage est désormais affirmé : une géométrie pure, servie par le métal laqué et le laiton, offrant une lumière à la fois précise et poétique.
Giuseppe Ostuni s’éteint en 1994, laissant derrière lui un héritage de plus de 560 modèles recensés – lampes murales, de table, sur pied, plafonniers. Aujourd’hui encore, ses créations apparaissent dans les ventes aux enchères les plus prestigieuses et suscitent l’enthousiasme des collectionneurs, certaines atteignant des prix à cinq chiffres.
Son œuvre reste celle d’un homme qui sut donner à la lumière une âme et un corps, transformant chaque lampe en complice intime de la vie quotidienne. À travers O’Luce, il a prouvé que l’éclairage pouvait être non seulement fonction, mais aussi poésie, geste et mémoire.