Elisabeth Joulia
Née le 30 juillet 1925 à Riom, Élisabeth Joulia fut une céramiste visionnaire qui, dès les années 1950, contribua à libérer la céramique de ses traditions pour explorer des formes organiques d’une sensualité et d’une poésie rares. Formée aux Beaux-Arts de Clermont-Ferrand, de Paris (fresque) et de Bourges (céramique avec Jean Lerat), elle s’installe en 1949 dans le village potier de La Borne, y demeurant et créant jusqu’à sa disparition en août 2003. Sa terre vivante, travaillée au colombin et sublimée par des engobes naturelles et des glaçures obtenues grâce à la cendre, devient le support d’œuvres inspirées par la nature — châtaignes, amandes, champignons, corolles ou déesses — qui s’épanouissent en formes à la fois essentielles et intuitives. À partir des années 1970, son travail incorpore le féminin, le symbolique, la sculpture monumentale ou les empreintes rupestres, jusqu’à ses voyages d’études, notamment en Égypte ou au Soudan, où elle puise une énergie tellurique nouvelle. Entre utilitaire et métaphore, Élisabeth Joulia a imposé une céramique pensée comme une langue mystérieuse, habitée, où la matière révèle des mondes et des visages invisibles — une poésie silencieuse et vibratile qui persiste dans les musées et les cœurs.