Regretter les petits papiers

Au fond, que savons-nous vraiment sur Michel Deverne ? Nous croisons parfois ses sculptures tout en mosaïques colorées qui égayent encore aujourd’hui l’esplanade de la Défense et bien d’autres sculptures cinétiques, disséminées à travers les places et les cours d’immeubles. Mais encore ? Guilhem Faget, lui, connaît bien mieux le travail de l’artiste pour l’avoir déjà exposé. Cette fois, avec son acolyte Alexandre Goult, ils se sont concentrés sur les collages, fascinantes versions aplaties de ces formes que Deverne aimait tant expérimenter en trois dimensions pour qu’elles puissent vivre pleinement avec l’architecture qui les entoure. Sur les murs de la galerie Meubles et Lumières, entre les lampes et les fauteuils, les couleurs et les contrastes survitaminés font d’abord mouche, attestant d’un talent graphique inné. Plus impressionnant encore, savoir que chacune de ses petites pièces répétées à l’envi a été peinte ou sérigraphiée, puis découpée et enfin collée avec une patience qu’on imagine à toute épreuve. Et se dire que ces minuscules découpages de papier, avec leurs géométries sinueuses, parfois même en dégradé, apportaient petit à petit leur pierre à l’édifice, ou à la sculpture plutôt. Certains de ces collages étaient des études préparatoires, d’autres peut-être des pures fantaisies qui devaient sans doute foisonner dans l’atelier de Deverne. On regrette d’autant plus l’incendie qui l’a ravagé en 2012, emportant l’artiste et ses petites merveilles en papier… Celles-ci sous nos yeux sont précieuses.